ASSEMBLÉE – Ce n’est pas que de la télé. La journaliste et présentatrice d’Envoyé spécial, Élise Lucet a marqué le coup ce mercredi dans les couloirs de l’Assemblée en proposant à des députés de se soumettre spontanément, et bien sûr devant les caméras, à un test de dépistage de drogues. Parmi les élus qui se sont prêtés au jeu, Ayda Hadizadeh et Olivier Faure du PS.
« Insupportable » et « inadmissible » pour Naïma Moutchou la vice-présidente de l’Assemblée nationale. « Elle a essayé de piéger des députés, mais ce n’est pas de la télé-réalité ici. Il y a des règles, et du respect dans cette maison. Je suis très en colère », a tonné la députée Horizons du Val-d’Oise, ce mercredi 12 février, en pointant « l’attitude de provocation » d’Élise Lucet. « On a confondu la transparence avec la chasse à l’homme, c’est une chasse aux députés », a-t-elle ajouté.
Naïma Moutchou n’est d’ailleurs pas la seule à dénoncer « ce coup médiatique » de la journaliste poil à gratter de France télévisions. Sur X, plusieurs élus, tous bords confondus, et même des médecins, se sont montrés circonspects et outrés de ce reportage jugé « populiste » ou « démagogique ». Le député RN Sébastien Chenu a même dit vouloir saisir l’Arcom.
Interpellée dans une lettre par Naïma Moutchou, Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, s’est fendue elle aussi ce mercredi 12 février d’un courrier courroucé à l’attention d’Élise Lucet.
Elle dénonce notamment la méthode, en pleine séance de questions au gouvernement « avec un pic d’affluence de journalistes », mais aussi la scénarisation d’Élise Lucet elle-même au milieu des quatre Colonnes. Dans une séquence où elle se met en scène, la journaliste détaille de fait face caméra ce que sont les tests de dépistage. « L’Assemblée nationale n’est pas un théâtre où l’on organise des mises en scène », écrit-elle aussi sur X.
Surtout, ajoute Yaël Braun-Pivet, en écho aux critiques de Naïma Moutchou : « filmer les parlementaires en leur proposant un test salivaire me paraît particulièrement contestable, le refus légitime de s’y soumettre pouvant créer une suspicion à leur endroit ».
Ce reportage dans les couloirs de l’Assemblée intervient alors qu’il y a quelques jours le maire de Grenoble, Éric Piolle, a proposé de soumettre tous les élus du Parlement et les membres du gouvernement à des tests de dépistage antidrogue. Une manière de montrer que les addictions sont aussi un problème de santé publique qui traverse tous les groupes sociaux, alors que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, est lancé dans une lutte tous azimuts contre le narcotrafic.